Actualités en continu et info en direct Niafunké

AFRIQUE: "LA CEDEAO A TOUJOURS FONCTIONNÉ COMME UNE « ORGANISATION DE LOCATION »", SELON LA MILITANTE TOGOLAISE FARIDA BEMBA NABOUREMA

Le retrait de l’AES (Alliance des États du Sahel) de la CEDEAO n’était pas arbitraire. Il s’agissait d’une réponse aux mesures punitives imposées par les dirigeants de la CEDEAO, notamment les menaces d’invasion et les déclarations de guerre contre des nations déjà confrontées au terrorisme, aux conflits séparatistes et à une histoire d’exploitation par la France. Les coups d’État dans ces régions sont les symptômes de crises plus profondes : des échecs sécuritaires, des déplacements massifs et un sous-développement dans des pays enclavés, confrontés à certaines des conditions climatiques et économiques les plus difficiles au monde. La déstabilisation du Sahel trouve ses racines dans le renversement de Mouammar Kadhafi en Libye, mené par la France et soutenu par l’OTAN, qui a déclenché un afflux d’armes et renforcé les groupes séparatistes et djihadistes dans toute la région. En 2012, un leader du mouvement séparatiste dans le nord du Mali, un mouvement aspirant à créer un État arabo-berbère, a déclaré sans gêne sur Radio France Internationale (RFI) qu’ils étaient « les seuls à la peau blanche gouvernés par des Noirs sur terre » et qu’ils ne pouvaient plus le tolérer. Cette déclaration, empreinte de racisme, efface l’histoire des invasions arabo-berbères en Afrique du Nord et des génocides qu’elles ont perpétrés. Encore aujourd’hui, des groupes minoritaires arabo-berbères dans le nord du Mali et en Mauritanie continuent de pratiquer l’esclavage, avec plus d’un million de personnes noires vivant toujours dans la servitude. Ces pratiques, incluant le travail forcé et l’esclavage héréditaire, reflètent des systèmes d’oppression profondément ancrés et persistants depuis des siècles. La CEDEAO, après près de 50 ans d’existence, n’a rien fait pour mettre fin à ces pratiques abominables. Le gouvernement français, dirigé à l’époque par Nicolas Sarkozy, a soutenu ces séparatistes, aggravant l’instabilité. Les actions de la France s’inscrivaient dans ses schémas historiques d’exploitation et de division dans ses anciennes colonies. La CEDEAO, au lieu de s’attaquer à ces problèmes systémiques, s’est laissée instrumentaliser par des puissances extérieures, échouant à promouvoir une véritable souveraineté et unité régionale. La soi-disant défense de la démocratie par la CEDEAO sonne creux lorsque sa propre direction est composée d’individus sans légitimité. Des dirigeants comme Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire, qui a manipulé des amendements constitutionnels pour briguer un troisième mandat, et Bola Tinubu, au Nigeria, qui est arrivé au pouvoir à la suite de l’une des élections les plus opaques de l’histoire du Nigeria, sont loin d’être des défenseurs des valeurs démocratiques. Le silence de la CEDEAO face à ces violations internes des principes démocratiques révèle son hypocrisie. Pour ajouter l’insulte à l’injure, Faure Gnassingbé du Togo, le dirigeant le plus ancien en Afrique de l’Ouest, qui a gouverné pendant près de deux décennies après les 38 ans de dictature de son père, a été nommé médiateur. Cette décision illustre l’incapacité de la CEDEAO à tenir les régimes voyous responsables de leurs crimes. La CEDEAO a échoué à tenir ses promesses fondamentales d’intégration et de développement régional. Les frontières restent poreuses, la mobilité intra-régionale est compliquée et les taxes aéroportuaires exorbitantes font des voyages en Afrique de l’Ouest les plus coûteux du continent. Les interventions de la CEDEAO, comme l’opération de 2017 en Gambie, ont été financées par des puissances occidentales. Cette dépendance souligne comment la CEDEAO a toujours fonctionné comme une « organisation de location », offrant ses services au plus offrant plutôt qu’agissant dans l’intérêt véritable de ses États membres. Contrairement aux dirigeants sexagénaires et octogénaires, avides de titres et ivres de pouvoir, qui dominent la CEDEAO, les dirigeants de l’AES, en particulier ceux du Burkina Faso et du Mali, incarnent une nouvelle génération de leadership africain. Jeunes, audacieux et libérés des trahisons et de la lâcheté de leurs prédécesseurs, ces dirigeants remettent en question le statu quo, résistent à la domination française et impérialiste et donnent la priorité à la libération et à l’autodétermination de leurs peuples. Ils ont rejeté le modèle de la CEDEAO, imprégné de néocolonialisme et au service des dirigeants vieillissants accrochés au pouvoir au détriment de leurs citoyens. L’AES ne doit pas retourner dans la CEDEAO. Au contraire, elle doit se concentrer sur la construction de sa nouvelle confédération, fondée sur les principes de la libération noire, d’une gouvernance menée par la jeunesse et d’une véritable souveraineté. Cette confédération doit donner la priorité à l’élimination des tyrans et des marionnettes impérialistes dans toute la région, en forgeant des alliances avec les mouvements populaires qui représentent véritablement les intérêts des populations, plutôt qu’en s’appuyant sur des organisations dépendantes de donateurs qui reflètent les échecs et l’inefficacité de la CEDEAO. L’auteur de l’article original appelle la société civile à se mobiliser pour l’unité de la CEDEAO. Cependant, cet appel trouvera peu d’écho en dehors des organisations traditionnelles dépourvues de vision et d’indépendance pour défendre une véritable intégration africaine. Les mouvements populaires du Sahel et d’ailleurs sont davantage alignés sur la vision de l’AES d’une Afrique dirigée par son peuple, pour son peuple. L’AES a l’opportunité de redéfinir la coopération régionale, en rejetant les échecs de la CEDEAO et en traçant une voie vers une Afrique de l’Ouest plus équitable et souveraine. Le 50ᵉ anniversaire de la CEDEAO, en mai 2025, ne devrait pas marquer le retour à un système brisé mais plutôt la naissance d’un nouvel ordre, qui défend la dignité, la sécurité et les aspirations de tous les Africains. Le rêve d’une Afrique de l’Ouest prospère et unie est toujours vivant, mais il ne peut être réalisé à travers le cadre actuel de la CEDEAO. Il est temps de réinitialiser, sous la direction de leaders audacieux qui mettent leurs peuples avant tout. Farida Bemba Nabourema Citoyenne Africaine Désabusée!

Mots clés de l'article:

Commentaires (0)

Vous devez être Connecté pour commenter.