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MALI BOUBACAR YALKOUÉ : REMPART D'UNE PRESSE EN QUÊTE DE REPÈRE

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  • 13 Aug, 2025
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𝗣𝗼𝗿𝘁𝗿𝗮𝗶𝘁

𝐃𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐝𝐞́𝐜𝐞𝐧𝐧𝐢𝐞, 𝐁𝐨𝐮𝐛𝐚𝐜𝐚𝐫 𝐘𝐚𝐥𝐤𝐨𝐮𝐞́ 𝐚 𝐞́𝐭𝐞́ 𝐬𝐮𝐫 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐫𝐨𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐝𝐞́𝐟𝐞𝐧𝐬𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮 𝐌𝐚𝐥𝐢. 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐜𝐥𝐚𝐬𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐜𝐢𝐯𝐢𝐥𝐞, 𝐘𝐚𝐥𝐤𝐨𝐮𝐞́ 𝐬’𝐞𝐬𝐭 𝐟𝐫𝐚𝐲𝐞́ 𝐮𝐧 𝐜𝐡𝐞𝐦𝐢𝐧 𝐚𝐮 𝐟𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐧𝐧𝐞́𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐥𝐢𝐞𝐮 𝐝𝐞 𝐫𝐞́𝐟𝐞́𝐫𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐚𝐮𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐢𝐫𝐬.

Aux abords de la voie principale qui donne sur la Tour d’Afrique dans le quartier Niamakoro de Bamako, le ciel reste partiellement nuageux. Des bruits des motos se mêlent aux klaxons des véhicules. Au premier étage d’un immeuble de la place, l’intérieur respire le calme.  De teint ébène, moustache bien soignée, un sourire naturel arbore le visage du trentenaire. « L'heure est au rassemblement, à la cohésion et à l’unité au sein de la presse écrite », assure Boubacar Yalkoué, candidat en lice pour le poste de la présidence de l’Association des Editeurs de Presse privée (ASSEP) du Mali. Derrière cette ambition se cache un parcours forgé dans la passion, la rigueur et le combat pour une presse libre. 

Aîné d’une fratrie de 12 enfants dont 6 filles et 6 garçons, Boubacar Yalkoué est également le fils d’un ancien cadre de la Compagnie malienne pour le Développement du Textile (CMDT). Ce qui lui vaudra la fréquentation de plusieurs localités du Mali pendant son parcours scolaire. Il se remémore encore sa tendre enfance à Dioumaténé (cercle de Kadiolo) dans les années 1994. D’autres souvenirs seront de suite partagés entre Kita, Bandiagara, Markakoungo et  Sikasso où il obtient son baccalauréat en série Langues et Littératures (LL) au Lycée Amion Guindo en 2007.  

Lycéen, le jeune Yalkoué développe une passion profonde pour la  lecture et l’écriture. Tout le temps collé à la radio afin de suivre l’actualité nationale, régionale et internationale. Il ne manque pas, dans ses causeries de « grin », d’évoquer son souhait de devenir un homme de média un jour. « Une fois à Bamako, à la FLASH [l’ex Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines, ndlr], au DEUG II, j'ai demandé à un tonton de me conseiller un organe de presse où je pouvais par moment écrire », se rappelle cet instant comme hier, Boubacar Yalkoué, Directeur de Publication du Journal Le Pays. 

Il fait ainsi ses débuts au journal Le Matin  sous l’égide de Alassane Maïga. De là, il bénéficie d’un accompagnement précieux d’éminents professionnels de médias dont Djibril Sacko, Mahamane Cissé, Amadou Salif Guindo et feu Amadou Tall. Puis l’aventure se poursuit au journal Albatros dirigé, à l’époque, par feu Joseph Keïta.  Il y fait la connaissance de Moustaph Diawara et Boubacar Sangaré. Sa volonté aussi  bien constante qu’ardente de développer de nouvelles compétences rédactionnelles le conduit au Canard Déchaîné de Oumar Babi ainsi qu’à la Nouvelle Patrie de Sory Haïdara dit « Sory de Motti ».

« C’est après avoir cumulé des expériences dans ces différentes rédactions que je décide de lancer le journal Le Pays en 2013 avec d’autres confrères : Boubacar Sangaré, Aliou Touré, Baly Salif Sissoko », égrène Yalkoué. Le journal passe par la suite d’un hebdomadaire à un quotidien cinq ans plus tard. Le Dirpub du journal Le Pays dirige de nos jours un groupe de média dénommé ‘’Les Éditions Faso’’ qui comprend Le Pays, Fasomali.com, Faso-imprim et Faso FM. 

« 𝐔𝐧 𝐩𝐢𝐥𝐢𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐚𝐮𝐭𝐞́ 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 »

Les difficultés vont de pair avec la vie. Doté d’un esprit combatif, cet état d’esprit se manifeste dès le lycée par son engagement au sein de l’AEEM en classe de 11ème année au lycée de Kadiolo pour la cause des élèves. Chose qui n’est pas sans conséquence sur le cours de sa vie. « Il [cet engagement, ndlr] m’a coûté des ennuis avec deux de mes amis, Siriki Zana Koné [avocat aujourd’hui, ndlr] et Yacouba Sanogo », évoque Yalkoué. En dépit des difficultés, il garde la même détermination en rejoignant le Collectif pour le Développement de la République (CDR) en 2016. Il quittera le navire de la société civile en 2022 pour des obligations professionnelles. « Boubacar Yalkoué est très social et profondément humain », témoigne Issa Djiguiba, Rédacteur en Chef du Journal ‘’Le Pays’’. 

« Ce qui frappe chez lui, c’est sa capacité à donner sans jamais attendre en retour, à tendre la main avec humilité et bienveillance », embraie Abdourahaman Doucouré Dirpub de La Sirène. A l’en croire, son dévouement, sa discrétion et son profond respect des autres font de lui bien plus qu’un confrère : « un pilier de notre communauté journalistique ». Son défaut, poursuit-il,  si l’on peut vraiment appeler cela un défaut : c’est qu’il veut toujours que tout soit parfait. Il accorde une attention incroyable aux moindres détails, parfois au point de s’oublier lui-même. « Ce besoin de perfection peut le rendre exigeant, avec lui comme avec les autres. Mais au fond, cela vient surtout d’un désir sincère de bien faire et de donner le meilleur », explique Abdourahamane. Il affirme que Yalkoué est un journaliste d’une rare générosité humaine, toujours présent aux côtés de ses confrères. 

Du haut de ses 38 ans, marié et père de 4 enfants, Boubacar Yalkoué est à ce jour en lice pour le poste de présidence de l’ASSEP. Détenteur d’une maitrise en Science de l’Éducation et d’un Master en communication et journalisme obtenue à l’Université privée Technolab, il a notamment été vice-président au sein de l’Union nationale des Jeunes Éditeurs de Presse (UNAJEP) et dirige à ce jour le Mouvement de Protection de la Presse contre les Violences (MPV-Mali). Un mouvement qui a vu le jour dans l’optique de faire la lumière sur la disparition du journaliste Birama Touré (porté disparu depuis 10 ans).
 
 « Avant même l’Assemblée générale élective prévue pour le samedi 16 août 2025, je travaille d’arrache-pied pour la cohésion et l’unité au sein de la presse écrite », soutient à juste titre Boubacar Yalkoué. Il considère que le temps est arrivé de tirer les enseignements des actes qui ont plombé le secteur dans un passé récent. D’où son appel au rassemblement, à la cohésion et à l’unité. Facteurs qui, selon lui, sans lesquels, la presse restera pendant longtemps à la traine. Raison toute somme, il propose une vision en six axes dont la cohésion et l’union, la professionnalisation du secteur, la mutualisation des moyens et partenariats, le respect et la structuration, la solidarité  ainsi que la modernisation pour une gestion efficace des rédactions. 

À cet instant précis, le soleil poursuit son ascension, en route pour le zénith. Ses rayons peinent à trouver leur vigueur juvénile à cause des nuages parsemés. Boubacar Yalkoué a le regard tourné vers son programme de campagne, avec l'espoir d’une presse écrite plus cohésive, plus libre et plus épanouie dans un futur proche.

Kémoko Diabaté de Kewa Com

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