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MALI / INTERVIEW EXCLUSIVE: SOUSSABA CISSÉ, LA FILLE DU CÉLÈBRE CINÉASTE FEU SOULEYMANE CISSÉ NOUS PARLE DE SON DÉFUNT PÈRE

Le Célèbre Cinéaste Souleymane CISSÉ nous a quittés le 19 février dernier à 84 ans, Soussaba CISSÉ, dans cette Interview nous parle de son géniteur et des Projets entamés.


Niafunké 49 : Qui êtes-vous ?


Soussaba CISSÉ : Je suis Soussaba CISSÉ, Réalisatrice. Et, je suis l'une des filles de Souleymane CISSÉ. Aujourd'hui, on vient de l'enterrer. Que son âme repose en paix et qu'il retrouve un autre bonheur encore plus mérité que celui qu'il a eu sur terre ici avec nous.

Niafunké 49 : Pouvez-nous parler de votre père, le géniteur loin des projecteurs ?

Soussaba CISSÉ : Ce que je peux dire est que pour définir papa, ça va prendre énormément de temps. Mais ce qui est sûr et qui est indéniable est que tout le monde sait qu’il était un distributeur d'amour. Je l'appelais souvent comme ça.
   Distributeur d'amour, de lien social, de cohésion. C'est quelqu'un qui partout où il part, il sème cette cohésion, même s'il y a des gens qui ne se parlaient pas, il cherchait le moyen de les connecter.
   Par exemple, lorsqu'il se trouvait face à deux personnes qui ne se parlaient pas,  lui, juste de passage, il pouvait faire de sorte que ces deux personnes communiquent, entretiennent leur relation amicale.

Niafunké 49 : Quel était la particularité de Souleymane CISSÉ ?

Soussaba CISSÉ : C'est quelqu'un qui était simple. Il ne se voyait pas comme quelqu'un de grand, même s'il était. Il ne se voyait pas comme quelqu'un de vieux.   
   Toute étiquette qu'on peut poser sur quelqu'un par rapport à son travail ou à sa sociabilité ou autre, il ne se la mettait pas. C'est quelqu'un qui se mettait au même niveau que tout le monde. Souvent même, on l'assimilait avec les trucs des enfants.   
   Partout où il partait, il avait un groupe d'enfants avec lui. On avait l'impression qu'il revenait à l'âge d'enfance. Les petits-enfants et arrière-petits-enfants, il en a eu.

Niafunké 49 : Qui était votre père, le Cinéaste ?

Soussaba CISSÉ : S'il faut parler de Souleymane CISSÉ en tant que père dans le Cinéma. Déjà quand tu fais un métier et que tes enfants arrivent à faire le même métier c'est que t'a passé quelque chose. Même si ce n'était pas voulu de sa part, il a qu'en même fait cette connexion là. On est aussi tombé amoureux de ce métier [ses enfants].

Niafunké 49 : Pouvez-vous définir votre père en une phrase ?

Soussaba CISSÉ : C'était quelqu'un de paix, d'amour et de partage.

Niafunke 49 : Quelles sont vos doléances vis-à-vis des pouvoirs publics ?

Soussaba CISSÉ : On galère dans le métier de Cinéaste par rapport à notre situation géographique et professionnelle parce que pour l'instant, le Cinéma n'est pas encore reconnu à son juste titre. Ce qui fait qu'on est un peu mis de côté par rapport à d'autres actions du Gouvernement.
   Il [Souleymane CISSÉ] pensait que le Cinéma va se développer lorsque l'État va se rendre compte que c'est un organisme à part et que c'est quelque chose qu'il faut aider et qui peut créer des emplois. Une richesse qui peut faire développer le pays dans un sens positif. Tant que cette plus-value n'est pas mise sur le Cinéma, je pense qu'on va toujours rester à ce stade là.

Niafunké 49 : Pouvez-vous parler de ses films à succès ?

Soussaba CISSÉ : J'ai eu des témoignages depuis son décès de pleins de gens de différents pays qui nous expliquent que "Yelen" a bouleversé leur vie et que "Bara" les a aidé à voir la vie autrement. "Ba Ni Batrou", c'est le vent qui a montré la lutte acharnée des jeunes pour dire que quand ils veulent quelque chose, ils peuvent l'obtenir.
   Ces films ont été des films riches qui n'ont pas de temps limité. Ce sont des films qui ont été faits, il y a trente ans pour certains et vingt ans pour d'autres, voire plus. Il y a des films qui lorsque tu les regardes, tu as l'impression que c'est d'actualité. Donc c'était un visionnaire à sa façon. Car il voyait des choses auxquelles on ne pourrait pas imaginer. Et il finit toujours par réaliser ce qu'il voyait. C'est un Cinéaste d'époque et il le restera.

Niafunké 49 : Souleymane CISSÉ avait certainement des projets, suivront-ils leurs cours normal ?

Soussaba CISSÉ : Je sais qu'il était sur deux documentaires qu'il voulait même présenter au FESPACO parce qu'il devait être le Président du Jury. Il devait prendre son vol aujourd'hui pour se rendre au Burkina, mais il est enterré à la maison.   
   Les projets, il en avait tout le temps. Il avait dit que tant que Dieu ne lui a pas pris son âme, il va continuer à faire du Cinéma, même dans un fauteuil ou chaise roulante s'il le fallait.
   Pour l'instant, on est dans le deuil. On ne sait pas comment rebondir sur ces projets entamés ou pas. Mais, on verra bien.

Par Abdoulaye OUATTARA

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